Banksy mais quel est ce nom que l'on entend souvent depuis quelques temps et sur lequel on ne peut poser de visage ?
Tout comme un super héros, il apparait partout à travers le monde pour défendre ses causes en utilisant ses armes: l'humour, l'ironie et le street art.
Et voilà qu'en décembre dernier, il sort un documentaire au cinéma "Exit Through the Gift Shop", mal traduit par "Faites le mur" en français. Quand j'ai souhaité regarder ce documentaire, je m'attendais à y voir une vision du street art et découvrir un Banksy exclusif, et non le super héros présenté dans les médias.
Et là, après visionnage, mes attentes ont même été dépassées. A partir de ce moment de l'article, je ne peux vous parler de la suite sans spoiler le documentaire, attention SPOILER.
Banksy ne fait pas que montrer sa vison du street art mais il expose ce qu'il pense de l'art en général, à travers le personnage réel ou non réel de Thierry Guetta. Vous allez comprendre.
En effet, Thierry adore filmer, et passe son temps à enregistrer tout ce qu'il voit sur des centaines de cassettes. Il finit par tomber amoureux du street art et à travers ses films, il nous fait partager le quotidien de ces génies du street art que sont Obey, Space Invaders ou Banksy. Il nous montre aussi leur ascension et ce que l'art a ensuite fait de leurs œuvres. Le problème de Thierry, c'est qu'il a beau filmer tout le temps, tout le monde, il n'a aucun talent de cinéaste.
A ce moment précis, où le doute subsiste encore sur la réalité des faits présentés dans ce documentaire, tout vole en éclat. On comprend alors que cette réalisation de Banksy est sa réponse à tout les gens qui ont dénaturé le street art en l'exposant dans les galeries. C'est le pétage de câble de Thierry Guetta devenu Mr Brainwash qui le prouve. A ce moment du documentaire Mr Brainwash, soutenu par Banksy, se met lui aussi au street art.... mais dans des galeries d'art. Il décide de réaliser une immense expo dans le mois qui suit et de ramener tout les bobos de Los Angeles à cette expo pour leur montrer à quel point il est un grand artiste.
Le hic dans l'histoire c'est que Mr Brainwash n'a aucun talent et ne fait que reprendre l'art des grands noms du street art tout mélangeant leurs styles. Il n'y a aucune âme derrière ses œuvres. Et pourtant l'expo va être un succès et Mr Brainwash va être consacré. Il va même vendre ses œuvres à des prix fous. Il réalise aussi une pochette d'album de Madonna. La raison de ce succès ? Le buzz réalisé autour de l'expo dans le L.A Weekly (le télérama du coin), et la mode du street art dans les milieux hype de Los Angeles. Le documentaire se termine sur le personnage de Mr Brainwash (laveur de cerveau), heureux de ce succès, et pensant être un artiste talentueux et accompli, alors que tout les autres artistes du street art le dénigrent.
Une question apparait alors, Mr Brainwash est-il réel, ou alors symbolise-t'il ce que Banksy pense de l'art légitime, celui que l'on trouve dans les galeries et dans les musées ? Cet art serait considéré comme de l'art juste par la valeur qui lui est attribuée par certaines personnes avec certains statuts, et non par ce qu'il symbolise ou par ce qu'il dégage. Alors que le street art est brut n'appartient à personne ou plutôt à tout le monde. Contrairement à l'art légitime qui coute chère et qui n'est pas accessible à tout le monde.
Et Banksy n'apprécie pas que le street art arrive dans les galeries car ses œuvres sont dénaturées, vendues à des centaines de milliers de dollars, elles perdent leurs places dans la rue et donc leurs valeurs.
Et voilà sa réponse, il crée un personnage qui porte comme par hasard bien son nom, Monsieur laveur de cerveau, et il vend à tous ces gens qui ont dénaturé le street art des œuvres qui ont une valeur commerciale mais non artistique, le nom du documentaire renvoie à cette idée. Bien traduit le titre est « Sortie par la boutique de souvenir », écriteau que l'on peut voir dans les musées.
Ce documentaire est donc excellent, drôle, ironique, comme la plupart des réalisations de Banksy. Il nous fait découvrir le street art, ce qu'il représente, et il remplit parfaitement le rôle de tout documentaire, celui de nous amener à nous poser des questions sur le monde qui nous entoure.